L’abstraction au travail. Une approche monétaire de la théorie marxienne de la valeur

L’abstraction au travail. Une approche monétaire de la théorie marxienne de la valeur, par Riccardo Bellofiore, article publié dans le cahier n° 4 de la revue (2023/3).

L’article de Riccardo Bellofiore expose de manière didactique une dimension essentielle de la critique de l’économie politique de Marx, le fait qu’elle soit une théorie monétaire de la valeur. L’auteur nous montre pas à pas ce qui la fonde et ce que cela implique pour une théorie de l’exploitation, indissociable d’un projet politique révolutionnaire.

Provenant d’un colloque s’étant tenu en 1997 à Paris, la communication de Riccardo Bellofiore dont nous publions ici pour la première fois la version écrite, donne un aperçu de ce que l’on entend par approche monétaire dans la théorie marxienne de la valeur. Il avance son interprétation à partir notamment d’un corpus théorique en langue italienne, moins connu en France. Texte remarquable par sa limpidité, il permet encore une fois de présenter cet aspect de la critique de l’économie politique que nous avons déjà fait entendre par exemple dans l’éditorial du Cahier n° 1 (2022/1), puis dans le Cahier n° 2 (2023/1) avec l’article de Michael Heinrich, « Théorie monétaire de la valeur. Monnaie et crise chez Marx ».

Y a-t-il une valeur sans production marchande? Évolution des positions d’Engels

Y a-t-il une valeur sans production marchande? Évolution des positions d’Engels, par Thomas Kuczynski, article paru dans le cahier n° 4 de la revue (2023/3)

Le lien entre production marchande et valeur semble bien être au premier abord un incompris d’Engels dans la théorie marxienne de la valeur. En retraçant la manière dont Engels traite ce problème, Thomas Kuczynski nous permet d’en douter mais aussi de se poser sérieusement cette question : « Y a-t-il une valeur sans production marchande ? ».

Cet article de Thomas Kuczynski retrace à partir de trois textes d’Engels l’évolution de sa compréhension du rapport entre valeur et production marchande. Il permet d’apporter quelques nuances bienvenues à des lectures qui voient en Engels celui qui complètement trahi la pensée de Marx. Nous inscrivons ce texte aussi dans l’histoire de la publication des écrits d’Engels en France, puisqu’en 2020 est paru aux éditions de la GEME un recueil des articles parus dans les Annales franco-allemandes, où l’on retrouve notamment le premier texte analysé par Thomas Kuczynski, « Esquisse d’une critique de l’économie politique ». C’est aussi pour attirer notre attention sur cet auteur et le travail colossal et remarquable qu’il a effectué sur le Capital qu’il nous a paru nécessaire de le faire apparaître dans ce cahier. Son édition annotée et remaniée du Capital réalisée grâce à un travail colossal sur les diverses éditions et variantes est l’un des travaux les plus sérieux et complets qui aient pu être faits sur cette œuvre

 

Critique sociale et justice

Critique sociale et justice, par Alex Demirović

Si la particularité de l’approche marxienne de la critique de l’économie politique est d’évacuer tout motif moral pour justifier la nécessité de l’abolition du capitalisme, l’injustice reste un motif puissant de mobilisation sociale. Dans l’article qui clôture ce cahier, Alex Demirović relève les enjeux de classe qui traversent les discours théoriques et politiques sur la justice.

S’il est bien un frein et refrain de la critique sociale, c’est celui de la « justice », de crier à l’injustice et s’en insurger. Ce moteur de l’action des masses qui paraît infondable par-delà l’idéologie bourgeoise, nous laisse bien souvent dans l’expectative. Et avec raison, puisque paré de ses prétentions universalisantes, il cache bien mal son ancrage historique et social, celui-ci qui justement le transforme parfois en « arme de la critique dont les masses se saisissent » pour faire dérailler l’histoire de la voie tracée par les dominants. Pour ouvrir ces champs d’action et de réflexion, il est nécessaire de mettre à plat tous les enjeux que la notion de justice recouvre. C’est ce que nous propose Alex Demirović dans son article qui déploie son argumentation à travers différentes grandes figures incontournables de la théorie sociale, qu’elles soient libérales ou marxistes. Si la justice est un moment de la forme idéologique qu’est la morale, il ne paraît pas possible de renoncer à prendre position sur ce terrain sans se marginaliser, voire s’exclure, politiquement et moralement.

Paru dans le cahier numéro 3 de la revue (2023/2)