A propos

Make value theory… just great !

A – M – A ‘. Contributions à la critique de l’économie politique est une revue qui existe depuis 2022. Son nom provient de la formule Argent – Marchandise – Plus-d’argent dont Marx se sert dans le Capital pour décrire la métamorphose apparemment magique d’une certaine quantité d’argent A en marchandises M, puis à nouveau en A, mais avec un supplément de larmes et de sang: A ‘. Cette formule exprime le mouvement de valorisation du capital qui exploite, réifie et assigne à des fonctions économiques, à des rôles sociaux, à des identités immuables toutes celles et tous ceux qui sont pris dans son orbite. C’est la formule par laquelle Marx entend « dévoiler la loi de l’évolution économique de la société moderne », tout en critiquant les théories économiques et philosophiques qui en sont la face idéologique.

La revue publie des textes qui contribuent à approfondir les connaissances sur la formation de la pensée économique de Marx, à exposer pour les dépasser les paradoxes des marxismes, à prolonger le geste marxien de critique de l’économie politique et à interroger les pratiques et les pensées entendant œuvrer à l’émancipation de la communauté humaine.


A — M — A’ . Contributions à la critique de l’économie politique est une revue consacrée à la critique de l’économie politique. Elle vise à rendre disponible des contributions internationales de qualité élaborées en particulier à partir de l’œuvre de Marx. Elles ont en commun une lecture de Marx, parfois critique, avec pour objectif de fournir des outils afin d’agir de manière révolutionnaire dans nos sociétés où règne le mode de production capitaliste. Elle émane du collectif qui anime le blog liremarx.noblogs.org

Nous élaborons cette revue en opérant un choix d’articles parmi diverses revues universitaires ou non à l’étranger. Pour ce faire, nous coopérons avec des revues comme la New Left Review, Capital and Class et la PROKLA ainsi qu’avec leurs auteurs et autrices. Nous sélectionnons les articles qui nous paraissent manquer dans le débat français sur Marx et sur la critique de l’économie politique, mais aussi dans les milieux dits « de gauche » ou encore les collectifs anticapitalistes en lutte. Définir nos objectifs communs, interroger nos revendications, penser le rapport entre État et capital, entre exploitation systémique et action individuelle sont autant de boussoles pour nos sélections.

Force est de constater qu’en France, le champ des échanges autour de l’œuvre marxienne est assez réduit et polarisé, et un simple coup d’œil outre Rhin, ou bien outre Manche, suffit à nous faire rougir, tant les publications, notamment non universitaires, sont nombreuses. C’est pour pallier ce manque, pour ouvrir cet horizon de réflexion, que nous nous donnons pour objectif de rendre disponibles ces productions sous forme d’une revue. Il s’agit en effet de se pourvoir des éléments permettant d’agir de manière révolutionnaire dans nos présents, éloignés de tout dogmatisme du marxisme pour atteindre une analyse du mouvement du capital et de ses conséquences.

Pourquoi ce nom?

Mouvement du capital. Danse de la mort. A — M — A’ est la succession de métamorphoses dans laquelle se loge la puissance qui se nourrit de nous, de notre temps. C’est le mouvement qui fige et nous assigne à des fonctions économiques, à des rôles sociaux, à des identités. C’est la formule par laquelle Karl Marx saisit ce mouvement et à laquelle il parvient au début du Capital pour « dévoiler la loi de l’évolution économique de la société moderne ». La métamorphose apparemment magique d’une certaine quantité d’argent A en marchandises M, puis à nouveau en A, mais avec un supplément de larmes et de sang: A’.

C’est dans cette formule que se condense la force de l’approche marxienne de l’économie politique et sa critique, formule qui la condense sans pour autant s’y réduire. Il y a dans cette formule de Marx autant l’essence de sa démarche que celle du capitalisme, avec leurs forces et leurs limites. C’est — l’analyse du capital en tant que mouvement.

Synonyme de capital, cette formule est particulièrement représentative du geste que Marx opère par rapport à l’économie politique. Nous estimons que la compréhension du fonctionnement du capitalisme contemporain n’a rien d’une préoccupation abstraite ou académique. Les réponses auxquelles on parvient ont des implications pratiques et politiques immédiates pour tout mouvement critique du capitalisme. Ensuite, elle permet de souligner la spécificité de sa compréhension de l’argent. En effet, la monnaie, l’existence permanente de la valeur dans l’ensemble de l’économie, est uniquement possible si la valeur réalise le mouvement A — M — A’. En choisissant cette formule pour titre nous nous inscrivons donc spécifiquement dans la perspective de ce qu’on appelle une théorie monétaire de la valeur.

Pour résumer, considérer que la théorie marxienne de la valeur a pour spécificité d’être une théorie monétaire de la valeur consiste à affirmer que marchandise et valeur ne peuvent pas exister, ni non plus être saisies conceptuellement, sans la monnaie. La monnaie n’est donc pas quelque chose qui se trouve à côté du monde des marchandises, ou qui serait un accessoire commode ; la monnaie est nécessaire à ce que les marchandises expriment leur caractère de valeur, à ce que l’ensemble des marchandises se rapportent les unes aux autres en tant que valeurs. Ceci implique aussi que la production marchande et la monnaie sont indissociables. Par conséquent, il n’est pas possible, contrairement à ce que pensaient certains socialistes, d’abolir la monnaie tout en conservant la production privée.

Ceci a pour conséquence immédiate d’exclure de toute conception du socialisme des projections utopiques où seraient maintenue la valeur ou bien la monnaie, ou encore le travail salarié. Cela implique également de se rapporter de manière critique aux projets coopérativistes qui ne thématisent pas les enjeux liés à la commercialisation des biens produits par le biais du marché. Tant que le marché existe, le mouvement A — M — A’ peut se réaliser, les collectifs de production se trouvent donc également soumis aux contraintes capitalistes de la production et de l’échange. C’est pourquoi la théorie marxienne n’est pas non plus qu’une critique de l’exploitation au sens de condamnation morale des conditions de production.