Michael Heinrich

J’ai grandi dans le sud de l’Allemagne, et j’ai effectué ma scolarité à Mannheim de 1967 à 1976. A cette époque-là, les ramifications du mouvements des étudiants s’étendaient jusque dans les lycées : j’ai lu mes premiers textes de Marx en 1971. Cependant, j’étais surtout intéressé par les mathématiques et la physique (théorique). Je commence à les étudier à l’université de Heidelberg en 1976. Après une année j’ai changé de cursus et je me suis rendu à la Freie Universität de Berlin afin d’étudier les sciences politiques : à l’époque, l’institut Otto Suhr (OSI) de la Freie Universität était l’institut d’études politiques le plus grand d’Allemagne, et Berlin Ouest était alors le centre des débats de la gauche. Dans mon mémoire de recherche je me suis intéressé à l’évolution du concept de capital chez Marx en utilisant les volumes alors récemment parus de la MEGA 2. J’ai terminé mes études de mathématiques par un mémoire sur l’utilisation des nouvelles méthodes mathématiques sur les équations de champ de la théorie de la relativité générale.

J’ai passé dix années en tant qu’étudiant à l’université. Ça ne m’intéressait pas du tout de terminer rapidement mes études puisque j’avais la chance d’apprendre beaucoup – aussi bien lors des événements organisés par l’université que dans les cercles de lecture et de travail auto-organisés. L’institut Otto Suhr (OSI) proposait alors une diversité exceptionnelle, pas seulement pour l’Allemagne, dont il ne reste aujourd’hui plus rien. Dans le même temps, la pression exercée sur les étudiants était bien moindre qu’aujourd’hui. Si l’on le souhaitait, on pouvait acquérir à l’université quelque chose comme une formation. Aujourd’hui, on accumule des « crédits ».

Je n’ai pas obtenu de bourse de l’État (Bafög). J’ai pu effectuer mes études en partie grâce au soutien de mes parents et en partie en travaillant. J’ai entre autre travaillé comme facteur, comme blanchisseur à l’hôpital, comme tuteur d’étudiants en mathématiques, comme assistant pour l’accélérateur de particules de l’institut Hahn-Meitner (aujourd’hui appelé Centre Helmholtz) et comme chauffeur de taxi. Ces emplois ne m’ont pas seulement permis de gagner de l’argent, mais aussi de faire des expériences importantes.

De 1987 à 1993, j’ai été collaborateur scientifique à l’OSI. Ces années étaient les dernières de ‘âge d’or de l’ancien institut. Au cours des années 1990, les effectifs ont été radicalement réduits, ce qui a eu un impact particulièrement fort sur les approches de critique sociale. Pendant cette période à l’OSI, j’ai rédigé ma thèse sous la direction d’Elmar Altvater. Elle a été publié en 1991 avec pour titre La science de la valeur.

En 1987, j’ai intégré pour la première fois la rédaction de la revue PROKLA, une revue trimestrielle de gauche existant depuis 1971. J’ai été son rédacteur en chef de 1993 à 2014, et j’ai continué à faire partie de la rédaction jusqu’en 2016.

Depuis 1988 j’interviens très régulièrement comme formateur dans les formations syndicales, quoique le processus de formation a été réciproque. Mes séminaires avaient pour thème les structures de base de l’économie capitaliste, la politique économique et des introductions à la critique marxienne du capitalisme. J’ai appris quantité de choses des participant.e.s sur leurs conditions de travail et les conflits dans les entreprises. J’ai aussi réalisé des séminaires sur la théorie de Marx pour de nombreux groupes et organisations de gauche.

J’ai collaboré à l’édition de la MEGA de 1998 à 2010, ce qui m’a appris beaucoup de choses. La différence est grande entre se confronter au texte de Marx depuis la perspective d’un éditeur ou depuis celle d’un lecteur.

Après avoir occupé à plusieurs reprises une chaire de professeur invité à l’université de Vienne et à la Freie Universität de Berlin, j’ai été professeur de sciences économiques entre 2001 et 2016 (avec une interruption en 2004/2005) à la Haute école de technique et de science économique (HTW) de Berlin. J’ai alors fait l’expérience des contraintes et des déficits de la nouvelle structuration de l’université en des cursus licence-master-doctorat.

Entre temps mes livres et articles ont été traduits en plus de 18 langues. Depuis 2010, j’ai eu l’occasion de réaliser des séminaires en dehors de l’Allemagne, en particulier en Asie et en Amérique du Sud. Ce faisant, j’ai appris beaucoup sur les luttes politiques dans les pays de ces régions, ainsi que sur les différentes réceptions de la théorie de Marx.

J’ai quitté en 2016 ma chaire à la HTW (de même que ma collaboration à la revue PROKLA) afin de me concentrer sur mon dernier projet : une vaste biographie de Marx et de l’évolution de son œuvre.

Mes recherches sur la théorie de Marx

Lorsque l’on est en prise avec un auteur comme Marx, on s’imagine aisément que ce que l’on va produire sera sans parti pris. Mais en fait on est bien plus dépendant des conditions historiques qu’on ne pourrait le croire. Au moment culminant de la Guerre froide, la théorie marxienne a été, à l’Ouest comme à l’Est, identifiée au marxisme-léninisme. Ce n’est qu’avec le mouvement des étudiants de la fin des années 1960 que la conception qui n’était jusqu’alors que défendue dans des cercles restreints a connu une plus large diffusion : le fait que la critique marxienne du capitalisme ne débouche pas nécessairement sur une sorte de socialisme d’État et que l’on peut aussi critiquer le socialisme d’État avec les catégories marxiennes. Pour de nombreux « soixante-huitards » la découverte de ce nouveau Marx a presque été vécu comme une révélation. En Allemagne de l’Ouest, mais pas seulement là-bas, a émergé une « nouvelle lecture de Marx » ien loin d’être homogène. Dans le même temps, la croyance se répandait dans de grandes parties du mouvement des étudiants que les vagues de protestation qui apparaissaient dans de nombreux pays allaient mener dans un futur proche à des bouleversements révolutionnaires.

Si l’on se politisait seulement au début des années 1970, alors il était trop tard pour les expériences de révélation et l’optimisme révolutionnaire. Le mouvement de 1968 s’est désagrégé, et il était prévisible que les divers micro-partis communistes qui en avaient émergé ne deviendraient pas de grandes organisations prolétariennes. Ces regroupements structurés de manière autoritaire faisaient face, dans les années 1970, à ceux qui se qualifiaient eux-mêmes de « gauche non-dogmatique ». C’est avec eux que j’ai sympathisé. La théorie marxienne était particulièrement estimée, mais on en discutait aussi les déficits. Ceux-ci étaient alors ramenés à la négligence du « facteur subjectif ». C’est pourquoi la psychanalyse avait alors bonne presse. En ce qui concernait la critique marxienne de l’économie politique, on estimait qu’il ne suffisait pas de résumer le Capital en quelques phrases chocs accrocheuses et de dénoncer l’exploitation de la classe des travailleurs. La critique de l’économie politique devait être arrachée aux lectures dogmatiques qui en avaient été faites et être « reconstruite ». D’un côté, il fallait mettre à jour ses présuppositions méthodiques implicites, pour cela on se référait (en Allemagne de l’Ouest) surtout à la Science de la logique de Hegel. On trouvait souvent, de manière quelque peu hâtive, des analogies entre l’Esprit étudié par Hegel et le capital analysé par Marx. D’un autre côté, on s’attela à l’étude des différents chantiers relatifs au contenu du Capital de Marx, dont on soulignait le fait qu’il n’était pas une œuvre terminée. On se servait pour cela en particulier des travaux préparatoires non publiés comme les Grundrisse ou les Résultats du procès de production immédiat. Les représentantes du nouveau mouvement des femmes critiquaient aussi le manque de thématisation des rapports de genre dans le Capital, ce qui a provoqué d’importants débats. Le présupposé d’après lequel seule une critique reconstruite de l’économie politique allait pouvoir déployer complètement son potentiel analytique et émancipateur était largement partagé, mais on ne voyait pas du tout à quoi cette reconstruction allait précisément ressembler.

Ces discussions ont constitué l’arrière-plan de la réappropriation de Marx qui a eu lieu dans les années 1970. Les débats sur la reconstruction me fournirent aussi le thème de mon mémoire d’étude en sciences politiques que j’ai rédigé en 1981-1982. Dans les Grundrisse et dans les lettres de Marx de cette période, le concept de « capital en général » joue un rôle important. Roman Rosdolsky l’avait fait apparaître dans les discussions dans son introduction à son commentaire des Grundrisse et l’avait tout de suite ramené au Capital. Dans les débats qui eurent lieu dans les années 1970 en Allemagne de l’Ouest concernant la structure, le degré d’abstraction et la méthode du Capital, ce concept a joué un rôle central. Pourtant personne dans cette discussion n’avait remarqué que Marx n’avait utilisé ce concept ni dans le Capital, ni dans les lettres écrites après 1863. Au moyen des volumes de la nouvelle MEGA parus depuis 1975, j’ai tenté de montrer que Marx avait été contraint d’abandonner le concept de « capital en général » de 1861-1863 en raison des difficultés internes qu’il posait, que le Capital suivait une structure différente et plus complexe.

Je comprenais les résultats de mon mémoire d’étude (une version résumée est parue dans la revue PROKLA en 1986 et en 1989 dans Capital and Class) comme une contribution à la reconstruction de la critique de l’économie politique. Dans les années 1980, j’ai commencé à avoir des doutes quant aux fondements sur lesquels étaient bâties ces tentatives de reconstruction. La lecture des textes de Louis Althusser m’ouvrirent à de nouveaux questionnements touchant à la méthode. Même si je ne partageais pas toutes les conséquences résultant de sa critique de Hegel (comme par exemple la critique de l’analyse du fétichisme comprise comme une survivance problématique de Hegel), les réflexions d’Althusser me permirent de considérer de manière considérablement plus critique le parallélisme établi dans les années 1970 entre la structure des argumentations hégélienne et marxienne. Cette grande méthode par laquelle tout pourrait être déchiffré m’apparut n’être qu’une fiction.

J’avais surtout des doutes, et ceci n’a plus rien à voir avec Althusser, sur des présupposés centraux de nombreux débats sur la reconstruction : en l’occurrence, qu’il existe un noyau cohérent de la critique de l’économie politique qu’il n’y aurait qu’à « reconstruire » pour résoudre toutes les querelles de compréhension des catégories fondamentales de Marx. Lors de discussions sur le Capital, chaque partie prenante réunissait le plus possible de citations de Marx qui allaient dans son sens, et celui qui pouvait présenter le plus de citation se croyait être le vainqueur. Comme au foot, où c’est l’équipe qui marque le plus de buts qui gagne. Mais qu’en serait-il si le Capital présentait lui-même certaines ambiguïtés et que ces ambivalences apparaissaient déjà dans les catégories de base ? Dans ce cas, une victoire gagnée en sortant des citations comme on tire des buts ne pouvait plus suffire. On devait se confronter au développement de la théorie de Marx. On devait chercher d’où provenaient de telles ambivalences, et ce que à chaque fois elles signifiaient pour la critique de l’économie politique. C’est à ces problèmes que se confronte ma thèse rédigée entre 1987 et 1990, La science de la valeur. J’ai cherché à montrer que les ambivalences du Capital touchaient ainsi au fait que Marx, d’une part avait entrepris une « révolution scientifique » (il utilise lui-même ce concept dans une lettre à Kugelmann), qu’il avait rompu non pas seulement avec des théories isolées mais avec toute une série de présupposés de la science économique qui semblaient aller d’eux-mêmes. D’un autre côté, Marx n’était pas parvenu à se libérer complètement de ce champ qu’il avait fondamentalement dépassé, ce qui générait une série d’ambivalences. Partant de cela, j’ai cherché à expliciter entre autres choses que la théorie marxienne de la valeur était – pour autant qu’elle résultait de la rupture avec le champ de l’économie politique classique – une théorie « monétaire » de la valeur.

Si pour ma recherche j’avais certes pu utiliser les matériaux relatifs au premier livre du Capital parus dans les années 1980 à la MEGA, le manuscrit original de Marx au Livre III n’était alors pas encore publié. Aussi, les thèmes du Livre III étaient largement absents de la première version de la Science de la valeur publiée en 1991. Après la parution du manuscrit original, est parue en 1999 une version substantiellement augmentée, qui entre temps en est à sa huitième édition (2020).

Alors que la discussion scientifique sur Marx avait reçu d’importantes impulsions dans les années 1980 et 1990 avec la MEGA et les contributions qui l’accompagnaient, l’intérêt politique pour Marx s’estompait lui fortement. Dans les années 1980 dominait dans de nombreux pays occidentaux un scepticisme quant aux « grands récits » des théories – ce qui résultait en fin de compte de la déception des espoirs révolutionnaires excessifs de la fin des années 1960 et du début des années 1970. Plutôt que de s’interroger de manière critique sur ses propres espoirs, de nombreux et de nombreuses activistes se satisfaisaient en affirmant que « le » marxisme avait échoué. Au début des années 1990, la chute de l’URSS a donné l’impression à beaucoup qu’une alternative au système capitaliste n’était pas possible et que pour cette raison, la critique marxienne du capitalisme n’était pas pertinente. Toutefois, la seconde moitié des années 1990 a montré que la marche triomphale du capitalisme sur le monde n’avait pas du tout engendré un monde de paix et de prospérité. En plus des conflits armés et des crises économiques, les revenus des masses stagnaient ou baissaient et le détricotage des systèmes de protection sociale était à l’ordre du jour dans de nombreux pays. Face à cela, la résistance se manifestait toujours plus nettement. La nouvelle vague de mouvements de protestation et de tensions sociales provoquèrent un fort regain d’intérêt pour les analyses de Marx.

Depuis les années 1980, j’avais réalisé de nombreux ateliers d’introduction à la théorie marxienne de même que des cours de lecture des trois livres du Capital sur plusieurs semestres. J’étais habitué aux difficultés que posaient la première lecture du Capital. C’est pourquoi j’ai volontiers accepté la proposition de la maison d’édition Schmetterling de publier une introduction aux trois livres du Capital. J’y ajoutais des esquisses des conceptions marxiennes de l’État et du communisme pour mettre en évidence la portée politique des analyses de Marx. Ce faisant, j’opérais une distinction entre la critique marxienne et un marxisme traditionnel idéologique qui cherche à tordre les analyses de Marx pour en faire un système philosophique universel. Dans mon introduction, j’écris de la manière la plus compréhensible et dénuée de présuppositions possible, tout en cherchant à amener les lecteurs et les lectrices aux problèmes que pose le Capital et que j’ai analysé dans la Science de la valeur. Mon Introduction à la critique de l’économie politique est parue en avril 2004 et s’est retrouvée épuisée en quelques mois. Depuis lors, nous en sommes à sa quinzième édition (2021) et le livre a été traduit en 10 langues.

L’objectif qu’avait mon Introduction de faciliter l’étude du Capital n’était pas complètement atteint. Il n’était pas rare qu’elle fut lue à la place du Capital. C’est pourquoi je publiais un commentaire détaillé du premier livre du Capital permettant de préparer aux principales difficultés rencontrées à sa lecture, Comment lire le Capital de Marx ?. En 2008 est paru la première partie et en 2013, la seconde. Ce livre aussi a été traduit en de nombreuses langues.

Après que la section II de la MEGA (le Capital et ses travaux préparatoires) a été terminée en 2012, je publiais dans les années qui suivirent divers articles sur la manière dont la MEGA avait contribué à comprendre le Capital. J’ai explicité entre autres qu’il existait de nombreuses indications que Marx avait abandonné dans les années 1870 la « loi de la baisse tendancielle du taux de profit », objet de nombreuses discussions. Ces articles (le plus complet étant « Capital after MEGA » de 2016) constituent une sorte de prolongement de la Science de la valeur.

Depuis 10 ans je me suis attelé à écrire une vaste biographie de Marx. Les raisons qui m’ont amenées à réaliser ce projet sont le résultats d’impulsions accidentelles. Mais d’un autre côté, ce n’est pas complètement de manière accidentelle que je m’en suis saisi. Déjà dans mon mémoire portant sur le « capital en général », j’avais considéré l’œuvre de Marx selon son développement, et avec la Science de la valeur, il m’était devenu évident que les différentes étapes de développement de l’œuvre de Marx correspondaient à certaines expériences politiques. Le travail permanent avec la MEGA et son appareil critique avait transformé le regard que je portais sur les textes : quelles sources sont utilisées dans le texte, lesquelles sont indiquées, lesquelles ne le sont pas ? Dans quel environnement le texte est-il apparu ? En regardant ainsi en arrière, il m’apparaît que j’étais depuis longtemps prêt à faire un travail sur ce qui relevait strictement du privé dans une biographie de Marx – il manquait seulement encore l’impulsion. J’ai pu publier en 2018 le premier volume de ma biographie de Marx, il traite de la période allant jusqu’à 1841. La même année est parue sa traduction en portugais et les versions anglaises et espagnoles suivirent en 2019, et en 2021, sont parues ses traductions en espagnol et en arabe.

Toutefois, il est légitime de se demander à quoi sert une biographie aussi approfondie de Marx lorsqu’il est question de l’œuvre de Marx en termes scientifiques et politiques. Si l’on saisit cette œuvre comme une collection de vérités éternelles indépendantes de tout contexte, alors est suffisant d’étudier ces vérités. Mais si l’on accepte que Marx se trouvait dans un processus d’apprentissage permanent et ouvert, que ses textes étaient des réactions aux expériences historiques et aux processus sociaux, qu’ils étaient des interventions dans des luttes politiques, alors il devient évident que la compréhension de son œuvre dépend de ce que l’on prend en compte dans chaque contexte biographique et historique qui permet de la déchiffrer. Pour cela, les biographies qui étaient jusque-là disponibles ne sont pas suffisantes, certaines comportent des erreurs objectives importantes, et mis à part quelques rares exceptions, elles traitent l’œuvre de Marx seulement de manière superficielle.

Pour les conservateurs, l’« historicisation » de l’œuvre de Marx est bien souvent utilisée comme argument pour justifier de son inconsistance : Marx aurait été un homme du 19e siècle, dont la théorie ne contribue en rien à la compréhension des problèmes contemporains, et c’est pourquoi on n’a pas besoin de l’étudier. Ma biographie de Marx est tout autant adressée contre la dogmatisation anhistorique de la théorie marxienne par un marxisme idéologique que contre la stratégie des conservateurs d’évincer Marx en l’historicisant. C’est seulement sur ce double front que les analyses de Marx peuvent vraiment être utiles pour les luttes sociales à venir.

Pour aller plus loin: le site de Michael Heinrich: oekonomiekritik.de
Michael Heinrich sur le blog de liremarx.noblogs